L’IA, une culture à bâtir, pas une course à gagner
Depuis plusieurs mois, j’ai la chance d’accompagner des conseils d’administration dans leur exploration de l’intelligence artificielle, et plus particulièrement de Microsoft Copilot. Ces rencontres sont toujours riches d’enseignements. Elles révèlent un mélange d’enthousiasme, de prudence, parfois de scepticisme — mais surtout, elles mettent en lumière les véritables enjeux de cette transformation.
Voici les quatre grandes leçons que je retiens de ces immersions au cœur des instances dirigeantes.
1. Des écarts de maturité numérique qui freinent l’élan collectif
Premier constat : les niveaux de compréhension et d’intérêt pour l’IA varient énormément au sein d’un même board. Certains administrateurs sont curieux, avides de tester, d’autres restent en retrait, dubitatifs, voire inquiets.
Ce déséquilibre crée des tensions dans la dynamique de groupe. Et ce n’est pas une question de moyens : c’est souvent l’absence de culture numérique partagée qui freine l’adoption. Sans socle commun, difficile d’avancer ensemble.
2. L’IA ne s’intègre pas dans le vide
Un obstacle revient systématiquement : comment connecter l’IA aux processus existants ? Beaucoup peinent à voir concrètement où et comment Copilot ou d’autres outils peuvent s’insérer dans leur quotidien.
La clé, c’est la méthode. Il faut partir de l’existant, identifier les points de friction, choisir des cas d’usage ciblés, et tester. L’IA ne remplace pas les processus : elle les amplifie — à condition de savoir où l’appliquer.

3. Construire une roadmap IA, c’est trier dans le chaos
Définir une stratégie IA, ce n’est pas empiler des idées. C’est faire des choix. Et souvent, on ne sait pas par où commencer.
La bonne approche ? Croiser quatre axes : les priorités business, la faisabilité technique, la qualité des données, et l’adhésion des équipes. Ensuite, avancer par étapes : tester, mesurer, ajuster, étendre. L’IA n’est pas une baguette magique, c’est un levier à activer avec méthode.
4. Le vrai défi, c’est l’humain
Au-delà de la technologie, ce sont les peurs, les doutes, les résistances qui freinent l’adoption. Peur de l’inconnu, de la perte de contrôle, de l’obsolescence. Et souvent, un sentiment de ne pas être formé, pas prêt.
C’est là que l’accompagnement prend tout son sens. Il faut expliquer, rassurer, former. Clarifier ce que l’IA fait — et ce qu’elle ne fera jamais. L’adhésion passe par la confiance, et la confiance par la transparence.
L’IA ne s’impose pas. Elle s’apprend, se teste, s’adapte. Elle ne transforme pas l’entreprise en un claquement de doigts : elle incite à en redéfinir les usages, les compétences, les repères.
Pour en faire un levier d’innovation durable, il faut :
- Cultiver une acculturation progressive, adaptée à chaque profil.
- Mesurer la valeur métier de chaque cas d’usage.
- Investir dans la montée en compétences, à tous les niveaux.
Et surtout, porter cette vision au plus haut niveau, avec écoute, empathie,pédagogie et ambition.









